Quand un plan des années 90 est toujours là en 2016

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Je ne suis pas à l’origine de la découverte de cette curiosité. L’info provient du site Vivreaencagnane.fr devenu depuis laixois.fr,  que je vous recommande si vous souhaitez, entre autre, en savoir plus sur le passé du quartier d’Encagnane, ce site étant très bien documenté sur le sujet.

Vous savez sans doute que dans bon nombre de mairies (et mairies annexes) ou à proximité de celles-ci, on peut trouver des plans affichés. Ces derniers sont d’une grande aide pour qui se sentirait quelque peu désorienté en ville.

Seulement voila, si vous désirez vous servir de celui qui se trouve à proximité de la mairie annexe d’Encagnane, vous pourriez avoir quelques surprises. Ou, devrais-je dire, avoir l’impression d’être à une autre époque


 Le plan en question :

Le plan visible près de la mairie annexe d'Encagnane
Le plan visible près de la mairie annexe d’Encagnane

Il n’est pas en super état mais reste tout à fait lisible (la photo n’est pas de très bonne qualité). Comme je le disais et comme le mentionnait Vivreaencagnane.fr (maj : le site est devenu l’aixois.frdans l’article, ce plan n’est plus vraiment à la page et c’est loin d’être une exagération.

En effet au vu des informations qu’il contient, ce plan semble dater du tout début des années 90 et tout laisse à penser qu’il n’a jamais été remplacé / mis à jour depuis cette longue période malgré les gros changements qu’a connu une partie de la ville (notamment le quartier Sextius-Mirabeau) ses dernières années.

Ce décalage avec le présent, c’est justement ce qui rend ce plan si particulier car tel un ancêtre, il est resté là toutes ces années, à répéter les mêmes infos depuis plus de 20 ans. Peut-être que ce plan n’est-il pas au courant des multiples travaux qui ont eu lieu autour de lui? Après tout, on ne peut pas lui en vouloir, ce n’est qu’un plan.

En revanche les services municipaux concernés sont occupés et gérés par des humains et c’est à croire que eux non plus ne sont pas au courant des changements de leur propre ville. Si c’est le cas, et bien… enfin voila quoi…

A défaut de s’interroger sur cette faille temporelle et sur le pourquoi du non remplacement de ce plan, nous allons plutôt en profiter pour repartir dans l’Aix des années 90 puisqu’il semble nous y inviter.


Je vais donc ajouter ma pierre à l’édifice et creuser plus en profondeur les subtilités de ce plan d’un autre âge en m’attardant sur certains détails qu’il représente. Nous verrons qu’en l’espace de 20 à 25 ans, bien des choses ont changé. Retour il y a plus de vingt ans…


 Des rues en plus et d’autres en moins :

Si on se penche plus particulièrement sur la partie du plan située à l’ouest de la place de la Rotonde, on est en droit de plaindre celui ou celle qui compterait s’en servir pour s’orienter. Car ce ne sont pas uniquement des bâtiments qui ont disparu en peu de temps, mais c’est aussi et surtout certaines rues qui ont vu leur tracé très modifié tandis que d’autres ont tout bonnement disparu.

Pour nous faire une idée concrète des évolutions du lieu, nous allons utiliser trois plans de la ville :
 – Le premier : celui dont je vous parle, en photo ci-dessus et ci-dessous,
 – Le second : qui ne sera pas un plan mais une vue aérienne des lieux en 1992 donc proche de la période du plan,
 – Le troisième : qui ne sera pas non plus un plan mais qui sera aussi une vue aérienne des lieux en 2014 donc très proche de nous.

Je précise bien que je ne ferai pas l’historique de tous les changements mais seulement les différences majeures présentes entre le plan affiché près de la mairie annexe d’Encagnane et ce qu’il en est aujourd’hui.

Pour que l’on s’y retrouve plus facilement, j’y ai ajouté les principaux changement que la zone a connu. J’ai reproduit ces repères numérotés sur les trois vues afin que l’on cerne mieux ce que tout cela est devenu en l’espace de deux décennies.


Avant de commencer, je précise que pour les datations des modifications urbaines, j’ai utilisé les vues aériennes du site Remonter le temps (service de Géoportail)


Le plan en détail :

Voici une vue rapprochée du plan. Si vous êtes plutôt jeunes où si cela fait peu de temps que vous êtes à Aix, ne soyez pas étonnés d’être un peu perdus. Pas de panique, vous vous y retrouverez dans la suite de l’article :

Vue rapprochée du plan sur un quartier qui a bien changé depuis
Détail du plan sur un quartier qui a bien changé depuis

Ce plan date… et pas qu’un peu !

Pour preuve, listons les particularités qui y sont visibles :

1 – L’ancien Casino Minicipal
2 et 4 – L’ancien parking Rotonde
3 – L’ancienne gare routière
5 – L’avenue Camille Pelletan et l’impasse Tardieu
6 – Les débuts de l’avenue Max Juvénal
7 – Les anciens abattoirs
8 – La rue de l’Entrepôt


Voici à présent la même zone vue du ciel en 1992 (période proche de celle du plan) avec les mêmes repères :

La même zone vue du ciel en 1992 (vers l'époque du plan - © IGN GEOPORTAIL 1992
La même zone vue du ciel en 1992 (vers l’époque du plan) – © IGN GEOPORTAIL 1992

Sur la vue ci-dessus, on retrouve toutes les zones mais en photo, avouez que c’est toujours plus agréable.

Reprenons nos repères

1 – L’ancien Casino Municipal : Bâti en 1923, il ne fait plus partie du décor depuis 2003 (13 ans déjà ! ).
2 et 4 – L’ancien parking Rotonde : Non, pas le parking souterrain qui n’existait pas encore, mais celui qui se trouvait en surface entre la Poste et le Casino Municipal (en contrebas, le niveau du sol par rapport à la Rotonde et à la Poste était un peu plus bas qu’aujourd’hui). Mis en service vers 1980, il avait une capacité d’environ 360 places (pour un tarif de 8 francs de l’heure, et oui à l’époque il n’y avait pas encore d’€uros ! ).
3 – L’ancienne gare routière : Apparue à cet endroit à la fin des années 70, elle y resta jusqu’en 1999 (17 ans déjà ! ), année où elle fut installée sur l’avenue de l’Europe.
5 – L’avenue Camille Pelletan et l’impasse Tardieu : Ne les cherchez plus, elles ont totalement disparu ! L’av. Camille Pellatan reliait le boulevard De Lesseps à la rue des Allumettes. L’impasse Tardieu quant à elle, coupait l’av. Pelletan vers son centre et allait vers le sud. On peut considérer que l’av. Camille Pelletan a disparu vers 1993/94 car c’est à cette période qu’elle fut coupée en deux en vue du percement de l’av. Max Juvénal. L’impasse Tardieu resta quant à elle un peu plus longtemps en place car elle ne fut supprimée qu’aux alentours de 2000 ou peu de temps avant.
6 – Les débuts de l’avenue Max Juvénal : Si l’on s’en réfère aux vues aériennes anciennes, c’est vers 1988 qu’a commencé le percement de cette voie. Etant donné que sur le plan elle n’est que partiellement créée mais qu’elle semble tout de même avoir assez d’importance pour y figurer, on peut supposer que ce plan est très légèrement postérieur à la fin des années 80. C’est à se demander où ce chemin pouvait bien mener à l’époque…
7 – Les anciens abattoirs : Installés à cet endroit dans la seconde moitié des années 30, ils y sont restés (du moins les constructions) jusqu’à la fin des années 90. De nos jours, cet emplacement est occupé par le Pasino (le nouveau Casino Municipal) (plus de 10 ans déjà ! ).
8 – La rue de l’Entrepôt :  Etroite et en zigzags, elle était bien moins large que de nos jours. Elle fut considérablement élargie entre 2007 et 2008 (8 ans déjà ! ) et étant située dans le prolongement nord de l’avenue Georges Pompidou, elle a fini par en prendre le nom. Parfois, on peut aussi la voir représentée avec son ancien nom de rue de l’Entrepôt mais les panneau présents sur place indiquent bien « avenue Georges Pompidou ».


Voici cette même zone vue du ciel de nos jours :

La même zone vue du ciel de nos jours (2014) - Photo : © Google Earth
La même zone vue du ciel de nos jours (2014) – Photo : © Google Earth

Comme on peut le voir les changement sont… immenses !

Reprenons nos repères :

1 – L’ancien Casino Municipal : Il est désormais remplacé par les constructions du quartier et par les commerces des Allées Provençales.
2 – Le parking Rotonde : Il n’est plus en surface mais en quelque sorte il existe toujours car un parking souterrain bien plus vaste de 1800 places l’a remplacé. Il se trouvait approximativement là ou se trouve aujourd’hui la place François Villon, en rappelant que le niveau du sol était un peu plus bas qu’aujourd’hui.
3 – L’ancienne gare routière : Rasé, le bâtiment a laissé sa place à divers commerces et habitations. La gare routière se trouve aujourd’hui plus au sud, sur l’avenue de l’Europe.
4 – L’autre partie du parking : son emplacement est aujourd’hui occupé par le Grand Théâtre de Provence (le G.T.P.).
5 – L’avenue Camille Pelletan et l’impasse Tardieu : Suite au recouvrement de la voie ferrée avec la création de l’avenue Mozart, elles ont totalement disparu. L’impasse Tardieu se trouvait approximativement au niveau du talus ouest bordant l’actuelle avenue Max Juvénal.
6 – L’avenue Max Juvénal :  Cette voie qui n’était qu’une impasse suite aux travaux débutés à la fin des années 80 commença à être praticable dans sa totalité vers 1997.
7 – Les anciens abattoirs : Les bâtiments ont été intégralement rasés. Au début des années 2000, le chantier du Pasino les remplacèrent.
8 – L’avenue Georges Pompidou : Cette avenue est en réalité composée de deux voies. La première au nord n’était qu’une petite portion étroite et tout en virages allant de la rue Irma Moreau jusqu’au carrefour reliant le cours des Minimes et le boulevard de la république et portait le nom de rue de l’Entrepôt. En 1998, la nouvelle avenue Georges Pompidou commença à être creusée. Cette portion située au sud de la rue de l’Entrepôt reliait alors la rue Irma Moreau à l’avenue Max Juvénal au niveau de ce qui était alors le nouveau rond-point François Turpin. La portion sud en place, il ne restait plus qu’à élargir la portion nord, ce qui fut chose faite entre 2007 et 2008. Les deux voies n’allaient alors n’en former plus qu’une : l’avenue Georges Pompidou, qui s’étend désormais du rond-point François Turpin (près du G.T.P.) au croisement reliant le cours des Minimes et le boulevard de la république au nord.

A noter qu’au final, les points 6 et 7 ont  fini par se rejoindre puisqu’ils se croisent au niveau du rond-point François Turpin.


En guise de conclusion :

Au final, si j’étais touriste, je serais sûrement agacé par cet « oubli » vieux de plus de vingt ans et j’aurais quelques difficultés pour me repérer (bon j’avoue, c’est quand même assez dur de se perdre dans cette partie de la ville mais sait-on jamais…). Et en fin de compte, (et vu que je ne suis pas touriste), je dois bien reconnaître que c’est une sorte de mal pour un bien. Mal, car il est incompréhensible qu’un plan aussi périmé soit encore en place dans un quartier aussi fréquenté. Mais un bien, car ce plan est, au même titre qu’une vieille photo, une sorte d’instantané d’une époque. Celle où la ville commençait peu à peu à se transformer et à gagner l’allure que nous lui connaissons aujourd’hui.

Cette allure, n’est que le résultat d’une lente et profonde métamorphose. Il est bon de garder en mémoire qu’une métamorphose, même très lente, n’est jamais fixe. Ainsi, lorsque je parle de la ville « d’aujourd’hui », mes propos, bien que dans l’air du temps, seront probablement aussi périmés que ceux de ce plan d’ici quelques années ou décennies. Car malgré cette sensation d’immobilisme qui semble parfois se montrer, nous sommes depuis toujours en mouvement. Le temps passe, et nous suivons cette force qui nous entraîne avec elle. Ces changements urbains plaisent à certains, font du mal à d’autres mais quoi qu’il arrive, il faut les subir tant bien que mal.

Alors pour en revenir à ce plan, que faire de lui ? Je suis partagé : Aujourd’hui en total décalage avec la ville actuelle, il fut logiquement, à un moment donné, en accord avec une certaine période et rendit même sûrement de grands services. Mais peut-être le moment est-il venu de lui offrir une retraite bien méritée, qu’il passe le relais à un petit nouveau agrémenté de nouvelles rues. Paradoxalement, j’ai envie de dire qu’il possède une certaine importance, juste pour le souvenir (même si j’imagine bien que les trois quart de la population puisse s’en foutre royalement). On ne sait pas de quoi la ville sera faite mais on sait de quoi elle est faite. Nous ignorons donc le futur et connaissons donc le présent. Profitons-en pour en pas oublier le passé.

Dans l’absolu, il est dépassé mais il ne dérange personne. Et puis de nos jour, avec nos smartphones et leurs GPS (sans oublier les bornes interactives qui fleurissent dans le centre-ville), qui se sert encore d’un plan ? Il n’empêche qu’il y aura toujours des personnes pour se servir de son remplaçant s’il en a un un jour, au moins, ça marche sans batterie, il suffit de savoir lire et d’avoir un léger sens de l’orientation.

Et pour apaiser certains aspects « critiques » de mon interrogation, il faut reconnaître que ce plan ne se trouve pas dans une zone hyper touristique de la ville et que les voies principales (qui en occupent une grande partie) n’ont que très peu changé depuis les années 90, détails qui justifient peut-être que son remplacement ne soit pas une priorité (même en 20 ans…). 

Bref, je m’égare, peu importe le devenir de ce plan car de toute façon, au même titre que les changements urbains que nous venons d’aborder, cela ne dépendra pas de moi.


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  – Sources :
http://vivreaencagnane.fr/encagnane-en-1990/
En très grande partie pour la datation de l’avancée des travaux, les vues aériennes anciennes du site et pour les vues aériennes anciennes :  Remonter le temps (service de Géoportail)
Le logiciel Google Earth, là aussi pour dater certaines évolutions du quartier
A propos du parking qui était derrière la Poste (doc word – page 4)


 

Un commentaire

  1. Je me rappelle de ce plan. Il était vendu et affiché au panneau publicitaire déroulant qu’il y avait en haut de l’avenue de l’Europe (la gare routière aujourd’hui). De l’autre coté des publicités il y avait des dessins de Vasarely. Et cela date bien de la fin des années 80, début 90.

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